Pour cette deuxième édition de « Food for Thought RH », nous allons faire un tour d’horizon de trois formes de travail qui bouleversent les codes en entreprise : la semaine de 4 jours, les congés illimités et le slashing. Qu’en pensent les entreprises qui les ont adopté ? Par où commencer si ça vous intéresse ? C’est parti pour un voyage vers le futur du monde du travail 🚀

Petit point contextuel

Pourquoi les nouvelles formes de travail se multiplient-elles ces dernières années ? 🤔

➡️ Avec la digitalisation de nombreux métiers et l’hybridation du travail, les salariés gagnent en efficacité et sont de plus en plus en mesure de travailler à distance et en asynchrone : un terrain fertile pour le développement de nouvelles formes de travail.

➡️ La période de Covid a également accéléré ces réflexions, lorsqu’une grande partie des travailleurs français s’est rendue compte qu’il était possible de maintenir ses engagements professionnels, depuis son canapé.

➡️ Nous assistons également à l’arrivée sur le marché du travail d’une génération de « digital native » pour qui travail et efficacité, ne riment pas forcément avec présentiel et réunions. Une génération qui réinvente les codes du travail, et est particulièrement sensible aux cadres de travail agiles et innovants.

➡️ Pour attirer ces profils, les entreprises se lancent dans une course aux avantages qui peut donner lieu à des innovations de toutes sortes.

Véritables révolutions des méthodes de travail ou simples tendances ? C’est ce que nous allons essayer de voir en nous penchant sur 3 de ces nouvelles politiques interne : la semaine de 4 jours, les congés illimités et le slashing !


La semaine de 4 jours

Travailler moins, pour produire autant (voire plus), c’est le pari de la semaine de 4 jours. Un nouveau format de travail qui séduit de plus en plus d’entreprises étrangères, et qui arrive progressivement en France … voyons ça de plus près.

De quoi parle-t-on ?

Comme son nom l’indique, ce phénomène consiste à passer de 5 à 4 jours travaillés par semaine. Certaines entreprises pratiquantes de ce format ont réduit le nombre d’heures travaillées (comme Lidl), d’autres ont maintenu un rythme à 35h minimum (comme MV Group).

💡 Petit point historique : En 1926, Henry Ford avait créé une onde de choc dans l’industrie en faisant passer la semaine de travail de 6 jours à 5 et en instaurant des journées de 8 heures au lieu de 9. Il s’était rendu compte que les salariés étaient plus efficaces en se reposant 2 jours. Fichtre !

Aujourd’hui, l’histoire se répète. Grâce à l’arrivée du digital, et plus récemment de l’intelligence artificielle, de nombreux métiers ont gagné en efficacité et en cadence. La semaine de 4 jours se présente alors comme une alternative séduisante pour attirer et fidéliser les talents sans impacter sa productivité (au contraire) !

Les + de la semaine de 4 jours

Les – de la semaine de 4 jours

  • Pas de création d’emplois. Le sociologue Juan Sebastian Carbonell avertie qu’avec le passage à 35h de travail hebdomadaire, on a assisté à une intensification du travail, et non à la création de nouveaux emplois. La même chose risque de se passer avec le passage à 4 jours de travail.
  • Sur le terrain, ça chamboule tout ! Organisation des plannings, gestion du service client et de l’approvisionnement, révision des contrats de travail … Adopter la semaine de 4 jours se révèle être un immense chantier opérationnel.
  • Attention au surmenage ! Certains salariés ont des charges de travail qui ne leur permettent pas de passer sur ce rythme, ou des contraintes personnelles incompatibles avec des journées plus longues de travail. Des cas de fatigue accrue, de baisses de vigilance, et donc de risque d’accident pourraient surgir.

On commence par où ?

  1. En parler en interne pour prendre la température auprès des équipes
  2. Identifier les adaptations et optimisations nécessaires (plus d’automatisation, moins de réunion : Welcome To The Jungle a ainsi réduit de 30% le nombre de réunions en interne)
  3. Communiquer les changements auprès des collaborateurs, et rester à leur écoute en cas de doute et de réticence
  4. Apprendre en faisant : des adaptations seront certainement nécessaire avant de trouver le format qui vous correspond le mieux !

L’exemple des Mutuelles Du Soleil : Depuis Janvier 2023, la semaine de 4 jours est proposée aux salariés aux salariés des Mutuelles du Soleil. Six mois avant de franchir le cap, les collaborateurs ont été consultés afin de remonter et prendre en considération leurs objections, questionnements et peurs. Et le résultat ? L’entreprise a constaté une baisse du présentéisme et de l’absentéisme, et une hausse de la productivité des salariés de 20% !

🎁 En bonus : Proposer la semaine de 4 jours dans la restauration ? C’est possible ! Découvrez le témoignage du chef cuisinier Florent Ladeyn qui a mis en place un rythme de 4 jours de travail par semaine dans ses restaurants.


Les congés illimités

Qui n’a jamais rêvé d’étendre la portée des 5 semaines de congés payés ? Certains l’ont fait … et les résultats sont pour le moins étonnants. Allons voir ce que ça donne !

De quoi parle-t-on ?

Adopter une politique dite de « congés illimités » consiste à proposer des congés qui vont au delà du cadre initialement prévu par la Loi, pour permettre aux collaborateurs de partir plus souvent en congés et/ou de partir plus longtemps. Cette pratique toute droit venue des Etats-Unis n’a pour le moment séduit qu’une poignée d’entreprises en France comme AlanIndeed France ou Openclassrooms.

Les + des congés illimités

  • Plus d’épanouissement. Les congés illimités facilitent la concrétisation de projets personnels en offrant plus de possibilités et en simplifiant les agendas, ce qui contribue au bien-être et à l’épanouissement des employés, mais aussi à leur motivation et engagement !
  • Un meilleur équilibre. On connait tous des périodes plus éreintantes que d’autres, cette politique permet aux salariés de souffler quand nécessaire, ce qui réduit considérablement le risque de burn out et d’épuisement professionnel. 
  • Une meilleure productivité. Les entreprises pratiquantes constatent une amélioration de la productivité de leurs équipes, qui peut s’expliquer par de multiples facteurs : des collaborateurs en meilleure forme et santé, des équipes plus motivées et engagées, une baisse du turnover et des arrêts maladie.
  • Attraction des talents. En termes d’avantages employeurs, proposer une politique de congés illimités peut vraiment faire de l’oeil aux candidats … Mais pas tous, car dans l’hexagone, seulement 1 français sur 2 y serait favorable.

Les – des congés illimités

  • Les collaborateurs ne prennent plus assez de congés. (Ce qui est illégal en France !) Avec des congés illimités, les salariés ont plus de mal à doser justement et « n’osent plus » poser des congés. Ignition Program a ainsi dû faire marche arrière car ses collaborateurs ne partaient plus assez en vacances. Ils se sont donc réalignés sur le cadre légal (5 semaine + RTT), tout en permettant à toute personne le désirant de prendre des congés payés au-delà du cadre légal.
  • Les risques d’abus et d’injustices. Certains collaborateurs pourraient avoir tendance à abuser de cette opportunité en posant trop de congés, et d’autres ne pas oser s’accorder de repos … C’est ce qui s’est passé chez Charlie HR, qui a décidé de mettre fin à cette politique de congés. Ils ont notamment constater de grandes disparités dans les congés posés par leur salariés, accompagnés d’une sensation généralisée de malaise et d’anxiété sur ce sujet.

Les prérequis pour proposer des congés illimités :

  • Avoir une culture d’entreprise agile
  • Être orienté résultats
  • Prioriser la confiance et l’autonomie
  • Privilégier “la bonne intelligence” aux processus rigides

L’exemple d’Alan : Pour les collaborateurs d’Alan, qui bénéficient d’une politique de vacances illimitées, pas besoin de délais de prévenance ou de validation par la hiérarchie, il suffit de s’organiser avec son équipe de travail. Résultat : les salariés d’Alan prennent en moyenne entre 25 et 45 jours off par an, ce qui n’est pas très éloigné de la moyenne nationale.


Le slashing

Expert-comptable en semaine, professeur d’équitation le week-end, développeur web le matin, ébéniste l’après-midi … Voici à quoi ressemble le quotidien des slasheurs, ces professionnels qui exercent plusieurs métiers en même temps.

 

De quoi parle-t-on ?

Le slashing reflète une évolution face aux carrières traditionnelles, avec des actifs adoptant volontairement plusieurs activités pour s’épanouir professionnellement. Un format particulièrement apprécié des collaborateurs multi-potentiels qui y voient l’opportunité de monter en compétences sur plusieurs domaines simultanément !

Ce format de travail est rendu plus accessible grâce à la digitalisation et nomadisation du travail, qui permettent aux actifs de passer d’un emploi à un autre, depuis leur domicile, voire depuis leur ordinateur.

Si cette tendance est portée par les actifs, de plus en plus d’entreprises s’intéressent à ce format de travail et choisissent de développer un cadre propice aux slasheurs en interne. Faisons le point sur les pour et les contre de cette approche.

Saurez-vous citer un slasheur célèbre ? Léonard De Vinci ! Il excellait à la fois en peinture, musique, architecture, astronomie, ingénierie, mathématiques, et anatomie.

Les + du slashing

  • Innovation et Créativité : Les slasheurs, en raison de leur diversité d’expériences, peuvent apporter des perspectives innovantes et créatives aux projets.
  • Flexibilité : Les entreprises peuvent s’adapter plus facilement aux changements et aux défis du marché en ayant des employés capables de remplir divers rôles. 85% des métiers de 2030 n’existent pas encore, avoir des profils multi-compétences curieux d’apprendre et d’alimenter plusieurs expertises simultanément sont donc une véritable aubaine pour les entreprises.
  • Attraction et fidélisation des talents : Les entreprises qui soutiennent la polyvalence et le développement personnel peuvent attirer et retenir des talents à hauts potentiels, qui pourraient rapidement se lasser d’un emploi « unique ».

Les – du slashing

  • Attention à la dispersion. En effectuant plusieurs métiers en même temps, et en jonglant avec plusieurs projets et priorités, les slasheurs pourraient être amenés à perdre de vue leurs objectifs et se disperser facilement.
  • Difficulté de gestion. La gestion de slasheurs peut être complexe en raison de la coordination nécessaire entre différents rôles et responsabilités. La gestion des planning et des horaires de travail notamment peur se révéler un véritable casse-tête pour les équipes RH.
  • Besoin de Soutien et de Formation. Les slasheurs ont besoin de soutien pour développer et maintenir leurs compétences dans plusieurs domaines, ce qui peut nécessiter des investissements en formation continue et un dispositif d’accompagnement de carrière à part entière.

Les prérequis avant de proposer à vos salariés de slasher :

  • Avoir une culture d’entreprise apprenante
  • Proposer un cadre de travail flexible et agile
  • Avoir un dispositif de formation apte à soutenir les besoins de slasheurs
  • Être capable de guider les slasheurs dans leur développement de carrière

👉 Avez-vous décelé le dénominateur commun de toutes ces nouvelles approches du travail ?

Il s’agit de la responsabilisation des collaborateurs ! Ces nouveaux formats de travail reposent tous sur la prise de responsabilité du collaborateur et la création d’un cadre de travail qui prône la confiance et l’autonomie.

En permettant aux collaborateurs de travailler 4 jours par semaine, de prendre des congés illimités ou encore de slasher : on choisit de faire confiance, le salarié n’est plus tenu à une obligation de moyens, mais de résultat.

Avant toute chose, il s’agirait donc d’ajuster la culture d’entreprise en donnant davantage de pouvoir et de responsabilités à vos collaborateurs. Le 27/02, je vais animer un webinar avec Raphaël de Zola pour vous aider à responsabiliser vos collaborateurs par le biais des entretiens professionnels ! RDV ici pour en savoir plus.