C’est LE sujet qui est sur toutes les lèvres en ce moment : la démocratisation de l’usage de l’IA en entreprise. À travers cette 3ème édition de notre newsletter, je vous invite à prendre de la hauteur sur l’impact de l’IA sur les emplois et l’employabilité en France, et imaginer ensemble l’avenir du travail à l’ère de l’IA.

Petit point contextuel

Mais avant toute chose, quelques points de mise en contexte que je trouve intéressant de rappeler :

👉 L’IA en tant que telle n’est pas nouvelle, ce qui change en 2024, c’est son accessibilité et sa démocratisation avec des solutions telles que Chat GPT, Perplexity, Midjourney, Mistral, etc.

👉 Quand on parle d’IA aujourd’hui, on parle surtout d’IA générative.

👉 60% des des métiers d’aujourd’hui n’existaient pas il y a 80 ans. Les métiers ont toujours évolué, et c’est normal. Alors prenons une grande respiration, et relativisons l’impact que l’IA aura sur les emplois.


Demain : tous remplacés par l’IA ?

C’est certain, l’IA va chambouler (et chamboule déjà), le quotidien de millions de professionnels au travail. Mais les emplois ne sont pas tous impactés de la même manière. 4 grands scénarios se distinguent :

→ Les emplois menacés (L’IA générative pourrait impacter 300 millions d’emplois à temps plein aux Etats-Unis et en Europe)

→ Les emplois augmentés (87% des dirigeants estiment que les rôles des salariés seront plus susceptibles d’être augmentés que remplacés par l’IA)

→ Les emplois protégés (Les 34 métiers qui ne seront jamais remplacés par une IA)

→ Les emplois créés (85% des métiers de 2030 n’existent pas encore)

❓Comment savoir si votre emploi va être impacté par l’IA ? En se posant ces 8 questions :

  • Votre métier consiste-t-il à effectuer des tâches complexes ? (ex: anesthésiste)
  • Votre métier requiert beaucoup d’interactions humaines ? (ex: assistant(e) social)
  • Nécessite-t-il un très grand niveau d’expertise ? (ex: paléontologue)
  • Manipulez-vous une grande quantité de données ? (ex: architecte big data)
  • Ce métier est-il fortement impacté par la réglementation ? (ex: responsable qualité)
  • Comporte-t-il un haut niveau de risque ? (contrôleur aérien)
  • Faut-il faire preuve de beaucoup de créativité et stratégie ? (fondateur startup)
  • Votre métier comporte-t-il une dimension physique ? (carreleur)

✅ Plus vous répondez oui, plus votre emploi est protégé.

❌ Plus vous répondez non, plus votre emploi a de risques d’être menacé par l’IA.

💡 Le site “There is an AI for that” identifie les IA génératives qui font votre travail à votre place !

👉 En réalité, le spectre est très large, et la plupart des emplois ne seront ni complètement remplacés, ni complètement épargnés de l’IA, mais bel et bien impactés.

 

“Ce n’est pas l’IA qui va nous remplacer au travail, ce sont ceux qui savent s’en servir.”

Cécile Dejoux, Directrice Observatoire transformations managériales & RH


L’employabilité à l’ère de l’IA : qu’est-ce qui change ?

Savez-vous ce que la démocratisation de l’IA change le plus ? Les compétences recherchées chez les collaborateurs.

→ Certaines compétences propres à l’humain sont désormais sous le feu des projecteurs (travail physique, créativité, etc).

→ Tandis que d’autres – autrefois plébiscitées – sont progressivement reprises par l’IA et perdent de leur grandiose (traitement de données, capacité d’analyse, etc)

Dans un monde du travail où l’usage de l’IA générative sera démocratisé, les employeurs seront en quête de collaborateurs :

  • 🤖 IA-compatibles : Les actifs qui maitrisent l’usage de l’IA seront des atouts de taille pour innover et gagner en efficacité.
  • 🧠 Experts de leur sujet : L’IA générative ne fait pas le poids face à l’expertise pointue d’un spécialiste.
  • 💬 Avec des soft-skills : Les soft-skills (empathie, écoute, etc) sont les grands absents du portefeuille de compétences des IA.
  • 🔄 Adaptables et résilients : Avec l’IA, il va falloir s’habituer à ce que nos métiers soient sans cesse réinventés et à faire preuve d’une grande capacité d’adaptation.

“Nous sommes longtemps restés avec l’idée que ce qui compte, c’est l’expertise, le savoir, la capacité d’analyse ou rédactionnelle, ce que l’IA fait déjà bien depuis longtemps. Il est temps d’ajuster notre vision du travail et de nous concentrer sur nos capacités relationnelles, d’empathie, d’attention à l’autre…”

Laetitia Vitaud, Autrice, consultante et conférencière sur le futur du travail

Bref, un profil attractif avant l’IA, ne le sera certainement plus une fois que son usage sera généralisé. Et inversement.


Les salariés ont peur (et on les comprend)

Le fait que l’IA bouscule les codes, remplace certaines tâches et impacte l’employabilité des individus, ça génère pas mal de craintes et d’appréhensions.

60 % des salariés craignent de voir leur métier disparaître

74% anticipent une évolution du contenu de leur travail

Ces peurs sont justifiées, et il est du ressort des RH de rassurer, accompagner le changement, et aider les collaborateurs à se positionner dans ce nouvel échiquier. (Nous en reparlerons plus bas 😉)

Au-delà de l’impact sur les emplois, les collaborateurs redoutent les dérives éventuelles liées à l’usage de l’IA dans la gestion de l’entreprise, notamment en ressources humaines.

41 % se disent préoccupés par l’utilisation de l’IA en RH

→ Ce phénomène révèle une appréhension plus grande : La crainte que l’IA déshumanise le travail et brise le lien social.

C’est cette même peur qui resurgit face au remplacement des hôtes de caisse par des machines, du service clientèle par des chatbots, du RH par une IA … Il est nécessaire de reconnaître cette appréhension pour adapter la manière dont est utilisée l’IA en entreprise.

Les collaborateurs sont certes une majorité à être inquiets de l’impact de l’IA sur leur métier … mais dans 80% des cas, les projets menés avec l’IA sont à l’initiative des salariés. Ça revient un peu à faire rentrer le loup dans la bergerie ! 🐺

→ Ce paradoxe soulève un autre phénomène : 79 % des salariés n’ont jamais reçu de formation sur la façon d’utiliser l’IA générative. L’IA est là, elle fait déjà partie du quotidien des collaborateurs … mais une certaine omerta semble régner du côté des directions générales.

Pour rassurer les collaborateurs, éviter les mauvaises pratiques et tirer profit des avantages de cette solution, il est nécessaire de briser le tabou et encadrer son usage.


Le rôle des RH dans tout ça

Dans ce contexte, les RH ont un rôle central à jouer. Il est de leur ressort :

→ D’encadrer les pratiques liées à l’usage de l’IA

→ D’identifier les nouveaux besoins en compétences de l’entreprise

→ D’accompagner les collaborateurs dans leur montée en compétences (57% des RH prévoient d’accompagner les collaborateurs dans le développement de leurs compétences actuelles)

→ De recruter des talents en phase avec les nouvelles attentes (56% envisagent de recruter de nouveaux talents.)

“Le métier que l’on a aujourd’hui ne sera peut-être pas celui qu’on aura demain. Mais surtout les entreprises doivent prendre en charge le sujet pour à la fois attirer les salariés, et les retenir, et leur proposer des vrais parcours – non pas d’acquisition de compétences pures – mais de reconversion possible vers d’autres postes.” Caroline Montaigne, rédactrice en chef adjointe de Harvard Business Review France

🤯 La tâche pour la fonction RH est immense.

Il est normal de se sentir démuni face à ce chamboulement qui complique l’agenda déjà bien chargé des RH.

Je vous propose d’y aller en plusieurs étapes :

1️⃣ Encadrer : Prévoir un cadre, sensibiliser et former à l’usage de l’IA. Il est essentiel de ne pas en faire un tabou pour prévenir des éventuelles risques liés à son usage, et capitaliser sur ses avantages (en créant une charte liée à l’usage de l’IA par exemple, comme Orange)

2️⃣ Anticiper : Mener une étude d’impact qu’aura l’IA sur votre industrie, vos métiers, afin de préparer votre plan d’action opérationnel.

3️⃣ Echanger : Il est essentiel d’échanger avec vos collaborateurs sur ces changements, et de discuter directement avec eux de l’impact que cela va avoir sur leur métier. Cet échange permettra de rassurer vos collaborateurs et de les rendre acteurs de cette transformation.

4️⃣ Accompagner : La plupart des collaborateurs vont être amenés à changer de métier (partiellement ou totalement). Il est urgent de les accompagner dans cette évolution de carrière de la réflexion à la concrétisation du projet. Cet accompagnement à grande échelle est possible avec Jobmaker.

👉 Pour en savoir, téléchargez notre guide pratique avec le plan d’action en quatre étapes pour maintenir l’employabilité de vos collaborateurs.


Le mot de la fin

Alors non, je ne pense pas que l’intelligence artificielle va remplacer la force de travail humaine. Mais oui, l’IA redistribue complètement les cartes en termes d’employabilité. L’enjeu actuel – pour les employés comme pour les employeurs – est d’apprendre à composer avec cette innovation. C’est un véritable pas de deux qui s’engage entre Intelligence Artificielle et Intelligence Humaine. 💃